Crédit illustration : Art from the series Environmental Graphiti® - The Art of Climate Change by Alisa Singer. https://www.environmentalgraphiti.org
Pastille Climat #6 :
« Il est pratiquement certain que le niveau moyen de la mer continuera à s’élever au cours du XXIe siècle. Par rapport à la période 1995-2014, l’élévation probable du niveau moyen de la mer, d’ici 2100, [...] » pourrait se situer entre 0,32m et 1,01m en fonction du scénario envisagé. « Une élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale au-delà de la fourchette probable – approchant 2 m d’ici 2100 et 5 m d’ici 2150 [...] ne peut être exclue, en raison de la grande incertitude qui entoure les changements de la calotte glaciaire. » (GIEC, SPM, B.5.3)
Pour aller plus loin :
Oui, je sais. J’ai tronqué une partie. Mais là, vraiment, il y avait vraiment beaucoup trop de chiffres. Pour ceux qui veulent le paragraphe complet, rendez-vous tout en bas de cet article*.
Lors de la précédente pastille, on a parlé des fameux scénarios d’évolution socio-économiques (souvenez-vous, les SSPx-y). Si vous ne vous en souvenez plus, retrouvez l’explication à cette adresse. Je vous avais dit que ça allait servir. Et l’heure est venue.
Encore ces foutus scénarios ?
Oui. Et je vous préviens, ils sont à la base de tout. Ces scénarios d’estimation des émissions de gaz à effet de serre permettent aux scientifiques de calculer toutes les composantes du changement climatique qu’on veut. En particulier, les variations des niveaux des océans. Le petit graphique ci-dessous illustre très bien la situation.
Variation de la moyenne mondiale du niveau des océans par rapport à 1900.
L’idée est toujours la même. Les mesures historiques sont en noir. Les estimations d’ici à 2100 sont colorées en fonction du scénario climatique.
Des moyennes, toujours des moyennes.
Bien sûr ! Les valeurs représentées sur cette figure sont des moyennes mondiales. On avait eu l’occasion d’en parler lors de la précédente pastille sur l'augmentation du niveau de la mer. Ces valeurs varient d’un endroit à l’autre du globe.
Mais ce dont je voulais vous parler, c’était de cette courbe rouge pointillée visible sur le graphe, et qui part vers le ciel comme un champion du monde de trampoline. Elle est associée à cette phrase, qui vous a peut-être interloqué : « Une élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale au-delà de la fourchette probable – approchant 2 m d’ici 2100 et 5 m d’ici 2150 – [...] ne peut être exclue, en raison de la grande incertitude qui entoure les changements de la calotte glaciaire. »
Alors, pourquoi tant de prudence ?
Ou comment résumer une thèse de glaciologie en trois lignes ?
En Antarctique, on est loin d’avoir vraiment compris comment la glace s’écoule. Dans les années 2000, un mathématicien a montré que la forme du socle rocheux situé sous la calotte peut entrainer une instabilité de la glace. Cela signifie qu’une petite perturbation de la glace (au hasard, un réchauffement par l’océan) pourrait entraîner un important retrait des glaciers. Un retrait rapide et irrémédiable, contre lequel on ne pourrait rien faire. Ce retrait se poursuivrait jusqu’à ce que la calotte retrouve une forme d’équilibre.
Aujourd’hui, on ne sait pas encore dire si l’Antarctique est entré dans une telle phase de retrait glaciaire, car on ne sait pas bien représenter ce phénomène dans les modèles. Certains y parviennent, d’autres non. Et ceux qui y parviennent ne donnent pas tous la même conclusion. Mais si ce mécanisme se met en place, la contribution de l’Antarctique à la hausse du niveau des océans pourrait devenir beaucoup plus grande. D’où cette incertitude internationale et l'inquiétude des médias. On ne compte d'ailleurs plus le nombre d'articles de presse récents qui évoquent cette situation : ici, là, ici aussi, itou, oulala, badaboum...
Comprendre ce qui se passe en Antarctique est un défi majeur pour les prochaines années. Un défi d’autant plus grand qu’il nécessite de faire travailler ensemble des communautés scientifiques parfois distinctes (glaciologie, océanographie…).
Bref, on n’a pas fini d’entendre parler de l’Antarctique. Et j’ai envie de dire, encore heureux !
*Paragraphe complet, pour ceux qui veulent absolument tout lire :
« Il est pratiquement certain que le niveau moyen de la mer continuera à s’élever au cours du XXIe siècle. Par rapport à la période 1995-2014, l’élévation probable du niveau moyen de la mer, d’ici 2100, est de 0,28 à 0,55 m dans le scénario de très faibles émissions de GES, de 0,32 à 0,62 m dans le scénario faible, de 0,44 à 0,76 m dans le scénario intermédiaire et de 0,63 à 1,01 m dans le scénario très élevé. À l’horizon 2150, l’élévation est de 0,37 à 0,86 m dans le scénario très faible, de 0,46 à 0,99 m dans le scénario faible, de 0,66 à 1,33 m dans le scénario intermédiaire et de 0,98 à 1,88 m dans le scénario très élevé (niveau de confiance moyen). Une élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale au-delà de la fourchette probable – approchant 2 m d’ici 2100 et 5 m d’ici 2150, dans le cadre du scénario très élevé - ne peut être exclue, en raison de la grande incertitude qui entoure les changements de la calotte glaciaire. »
Sources :
IPCC, 2021: Summary for Policymakers. In: Climate Change 2021: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate
Change [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, A. Pirani, S.L. Connors, C. Péan, S. Berger, N. Caud, Y. Chen, L. Goldfarb, M.I. Gomis, M. Huang, K. Leitzell, E. Lonnoy, J.B.R. Matthews, T.K. Maycock, T.
Waterfield, O. Yelekçi, R. Yu, and B. Zhou (eds.)]. Cambridge University Press. In Press.
Frequently Asked Questions #9.3: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/#FAQ
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